La ville nature, entre espaces verts et bleus
La ville nature, entre espaces verts et bleus
Cette année, la division Espaces Verts de Bruxelles Environnement et ses partenaires ont fait le point sur la mise en œuvre du plan Nature (2016-2020) et du programme régional de réduction des pesticides (2018-2022). Les acteurs publics, privés et associatifs ont présenté leurs projets phares. Ils ont ensuite témoigné de leurs besoins et des leviers nécessaires pour placer la nature au cœur du développement urbain. Cette rencontre était l’occasion de définir les objectifs écologiques, les formations utiles, les clauses techniques et la communication à développer. Le tout, dans le but d’adapter la législation en tenant compte des innovations et des expériences de terrain.
126 actions plan nature
63 actions pesticides
Témoignages sur les partenariats de Bruxelles Environnement, Décembre 2019
[Ecran de transition: LES ESPACES VERTS]
Pierre LACROIX, Centre d'écologie urbaine asbl / Centrum voor stadecologie vzw : "En fait, il suffit d'arrêter de lutter contre la nature pour qu'elle puisse se montrer. Dans le cadre du Plan Régional de Réduction des Pesticides, on voit que le paysage urbain est en train de se transformer et on voit des plantes apparaître : des plantes indigènes, des plantes exotiques, mais elles n'ont pas attendu qu'on les invite ; elles attendent qu'on arrête de lutter contre elles.
Christophe BOURGOIS, Cellule Agenda 21 / Cel Agenda 21, Anderlecht : "C'est la nature qui est prioritaire sur la gestion de ce terrain-ci. Natagora applique une gestion favorable à la biodiversité. On essaye de limiter le développement des arbres : s'ils sont trop nombreux, ils vont faire disparaître les roseaux qu'on veut préserver. Ils permettent à une série d'oiseaux (Rousserole effarvatte, Rousserole verderolle, ...) de se nourrir et se nicher sur le lieu. D'autres oiseaux intéressants comme, par exemple, la chouette chevêche nichent dans des saules têtards. Il y a aussi toute une série d'insectes qui sont liés à des zones humides, notamment des marres qui sont présentes un peu plus loin dans la réserve. Ça paraît petit : c'est une parcelle de 60 hectares qui a été mise en réserve naturelle depuis deux ans, mais elle s'insère dans cette zone de Neerpede que la Commune veut préserver comme zone de grand intérêt paysager et biologique.
Stéphane DE GREEF, Brussels Bees Atlas Project Coordinator, Agroecology Lab (ULB) : "Actuellement, on a 193 espèces recensées d'abeilles sur la Région bruxelloise. Il y a une espèce d'abeille domestique et 192 abeilles sauvages. Dans l'état actuel de la connaissance, les principales menaces pour les abeilles, y compris les abeilles sauvages, c'est la perte d'habitant : la disparition d'endroits sauvages, semi-naturels, d'endroits pour faire leur nid, de plantes sauvages, qu'on appellerait des mauvaises herbes, sont des ressources pour des dizaines d'abeilles en Région bruxelloise. On a de nombreux produits qu'on retrouve à Bruxelles, qui ne sont plus utilisés à l'heure actuelle, voire même interdits, mais qu'on retrouve dans l'environnement, soit parce qu'ils sont rémanents, soit parce qu'ils sont amenés par des pratiques agricoles. Donc, on va acheter des plantes qui sont déjà contaminées qu'on retrouve dans les marchés ou les magasins."
Emilie HOLEMANS, Architecte-paysagiste, Bruxelles Environnement / Leefmilieu Brussel : "L'une des particularités de l'aménagement ici, c'est la collaboration avec l'hôpital Erasme. Bruxelles Environnement a toujours été soucieux d'intégrer la problématique de la santé dans les parcs, par l'aménagement d'espaces de jeux ou de sport. Ici, l'occasion était rêvée de réaliser un vrai projet d'envergure. On nous a proposé un projet de parcours méditatif. Cela nous a tout de suite plu, car la méditation dans les espaces verts est tout à fait bénéfique : cela parle de plénitude, de calme pour pouvoir méditer. La particularité de ce parcours, c'est qu'il est praticable par tout le monde. On l'a voulu autonome : on a installé des codes sur chacun des panneaux qui mènent directement à des liens audio qui sont réalisés par Suzanne Askenasi, auteure du projet. Les personnes peuvent venir directement avec leur casque audio et pratiquer la méditation dans l'espace vert."
Christophe BOURGOIS, Cellule Agenda 21 / Cel Agenda 21, Anderlecht : "Dans le cadre de la gestion du cimetière d'Anderlecht, on a abandonné complètement l'usage des pesticides depuis 2014. On a ainsi anticipé la règlementation européenne qui s'est traduite au niveau régional. On n'utilise plus du tout de pesticides et le désherbage se fait de manière mécanique. Parallèlement à l'arrêt de l'usage des pesticides, on a également pris des mesures de fauche tardive qui permettent à la végétation et aux plantes indigènes de fleurir plus que quand elles étaient tondues régulièrement. On constate bien qu'il y a plus d'insectes pollénisateurs et plus d'oiseaux. On observe notamment le pic vert et on des traces du hibou moyen-duc, qui est exceptionnel pour la Région bruxelloise. Une action qu'on a commencé également à développer, c'est l'éco-pâturage. Certaines pelouses, au lieu d'être fauchée par des machines, au mois de juin et puis à l'automne, sont tondues via un éco-pâturage. Ce sont des moutons qui vont réduire et gérer l'herbe sur différentes parcelles. On avait des inquiétudes de voir comment les visiteurs allaient réagir, mais l'accueil est vraiment positif. Après s'être recueillis sur la tombe d'un proche, les visiteurs vont voir les moutons au fond du cimetière avec les enfants, pour partir le cœur plus léger du cimetière."
[Ecran de transition: LES VOIRIES]
Eric FLAMÉE, Green Manager, Bruxelles Mobilité / Brussel Mobiliteit : "Depuis 2012, nous transformons les grandes zones de pelouses en prairies fleuries et en zones écologiques. Jean-Christophe Prignon, de Bruxelles Environnement, nous a bien aidés pourla gestion en elle-même. Il nous a proposé d'autres zones à aménager et nous a également conseillé les semis pour favoriser la biodiversité. Nous étions à plus ou moins 20 tontes par année et maintenant nous sommes à deux tontes par an. Nous voulons plus de biodiversité, plus de vert, mais toujours avec l'accent sur l'accessibilité de tous les espaces pour tous les habitants, en tenant compte de la sécurité, car nous restons quand même Bruxelles Mobilité !
[Ecran de transition: LE FONCIER]
Emilie HOLEMANS, Architecte-paysagiste, Bruxelles Environnement / Leefmilieu Brussel : "Le premier défi quand on aménage un terrain, c'est d'avoir la maîtrise foncière de l'entièreté du site. Ici, le site appartenait à plusieurs propriétaires dont l'ULB, Erasme et le CPAS de Bruxelles. Le volet foncier a pris près de six ans. C'est donc une des interventions les plus importantes pour Bruxelles Environnement : avoir une maîtrise foncière de l'entièreté du site, afin de pouvoir faire un projet de qualité et la gestion qui l'accompagne - une gestion commune, une gestion raisonnée sur l'entièreté. Ici, en l'occurence, la Vallée du Vogelzang : une gestion commune pour l'entièreté de la vallée."
[Ecran de transition: LE BATI]
Nathalie RENNEBOOG, Directrice générale ff - Rénovation urbaine, Citydev : "On est autour de 400 logements, tant des logements sociaux que des logements conventionnés. Effectivement, nous allons atteindre un score époustouflant au niveau du Bream, de 93,5% : on est très fier de pouvoir dire qu'on sera le quartier le plus durable du monde ! Le soutien de Bruxelles Environnement a d'abord été indirect : grâce aux fiches qu'ils ont produites dans le cadre des Bâtiments exemplaires, nous avons pris les optimum là où c'était possible. Par exemple, pour le coefficient de biotope par surface: l'optimum était de 0,6. Nous avons fait de même pour l'énergie, pour l'eau, pour les plantations. Dans le cahier des charges, on impose les plantes indigènes, on favorise la plantation d'arbres à hautes tiges, on favorise aussi les plantes grimpantes, de manière à offrir un habitat pour la faune et la flore. On va aussi mettre en place, avec l'aide de Bruxelles Environnement, un constat de la biodiversité avant de construire, afin d'évaluer quel type de faune et de flore on va favoriser, comme ça on peut guider les promoteurs et les architectes paysagistes dans leur conception."
Charlotte SIMON, Assistante de projet "Réseau Nature" Bruxelles, Natagora : "Les mutualités libres ont suivi les conseils donnés pas Natagora : la mise en place d'une prairie fleurie qu'on peut voir derrière moi. Elle a été fauchée, parce que c'est la période de fauche annuelle. Mais on peut voir qu'il y a derrière moi une zone refuge pour accueillir la biodiversité : c'est une vraie zone de protection pour la faune. Il y a également une haie, avec des espèces indigènes qui ont été plantées tout autour du site. Elle est en train de prendre forme. L'idée est de ne pas la tailler trop souvent, pour la laisser se développer ; cela sera également une zone de refuge pour des insectes et pour des oiseaux. Il y a également une marre qui est un aménagement assez exceptionnel, pour accueillir toute une autre faune qu'on n'a pas l'habitude de voir près d'une prairie fleurie. Ça permet également aux employés des Mutualités libres d'avoir un accès à un espace vert, de voir aussi en quoi consiste la nature spontanée et indigène de nos régions et de leur montrer à quel point elle est belle. Cela permet vraiment un changement de regard et de mentalités, auprès des employés et pas seulement auprès de l'entreprise."
[Ecran de transition: L'EDUCATION]
Sophie MAERCKX, Directrice Apis Bruocsella : "En fait, la nature est très volontaire : elle n'a pas besoin de nous ! La nature va se développer correctement à Bruxelles si on ne fait rien. Mais nous, on a besoin d'elle : on doit l'accompagner dans son mouvement et des actions comme on fait avec les écoles, ça permet de nourrir l'intérêt des enfants pour la nature qui est présente dans leur quartier. Il y a vraiment un intérêt chez les jeunes et les moins jeunes pour découvrir ces petites plantes et ces oiseaux."
Bénédicte BOVAGNET, Institutrice, Ecole Maternelle de la Marolle : "On a participé à un appel à projet, on a été sélectionné et on attend impatiemment que ça commence ! On a d'abord enlevé toutes les barrières qui se trouvaient derrière moi, parce qu'il n'y avait que du gravier ici et puis on a fait des installations qui ne vont pas rester. Justement, c'est pour ça qu'on a besoin de Bruxelles Environnement, pour avoir des conseils quant à l'installation définitive de certains postes."
Isabelle WOUTERS, Crèche des Petits Poneys : "Pendant un an, nous avons bénéficié de l'accompagnement d'Apis Bruocsella : accompagnement technique, pédagogique, accompagnement pour l'aménagement du jardin, le choix des espèces, la formation aussi de nos équipes de puéricultrices, afin qu'elles puissent s'approprier le projet et le pérenniser. A la Crèche des Petits Poneys, on a planté des espèces grimpantes, notamment des hortensias grimpants, du chèvre-feuille, du houblon, un pommier palissé avec une quinzaine de pieds, un potager, dans lequel il y a des courgettes et des tomates, une vigne aussi ! Et puis, de l'autre côté de la crèche, un dôme en saule - en d'autres termes, une cabane vivante, avec une prairie fleurie et un hôtel à insectes. Dans les prochains mois, on installera différents nichoirs dans le jardin."
Charlotte SIMON, Assistante de projet "Réseau Nature" Bruxelles, Natagora : "Sur le site du Ceria, différentes parcelles ont été choisies en accord avec les gestionnaires du site, afin de favoriser la biodiversité spontanée et la nature. Il s'agit d'un campus, avec une série d'étudiants qui étudient l'environnement ou l'horticulture. Les étudiants sont impliqués dans les aménagements et la gestion des aménagements. Ces implications des élèves dans le processus ont des impacts pédagogiques vraiment intéressants."
[Ecran de transition: LA COMMUNICATION]
Sophie MAERCKX, Directrice Apis Bruocsella : "Depuis 2014, il y a eu la mise sur pied d'un plan de gestion écologique, qui a conduit a des réaménagements et des changements de pratiques. La Commune s'est ensuite rendue compte qu'il fallait avoir une véritable stratégie de communication, à destination des différents publics cibles : des écoles, des citoyens, ... Ils ont ainsi développé un projet pilote, exemplaire, sur la communication. Les difficultés qu'on rencontre dans la mise en œuvre d'un projet, c'est un problème de transversalité : l'accueil de la nature, ça ne concerne pas uniquement le service Espaces verts / Plantation, mais aussi l'urbanisme, la mobilité et l'aménagement du territoire. Il y a vraiment un intérêt à mettre tous ces acteurs autour de la table."
Axel DEMONTY, Chef de département - Architecte-paysagiste, Bruxelles Environnement / Leefmilieu Brussel : "Notre travail à nous est d'accompagner les jardiniers dans l'évolution de leurs pratiques. Petit à petit, nous voulons que la propreté ne soit pas seulement "C'est clean". La propreté, c'est aussi la vie. C'est ce basculement là qu'on essaye de faire passer, tant dans le public qu'auprès de nos agents ou dans nos vieilles pratiques qui sont tellement établies qu'elles ne paraissent pas encore anormales. On a également des entreprises privées qui travaillent pour nous et qui ont un objectif de rentabilité. Plus les machines sont grosses et plus c'est rapide, et plus le mètre carré sera bénéficiaire pour l'entreprise en question. Dans nos cahiers de charge, on doit aussi réinventer la manière de rédiger. Avec nos jardiniers, c'est un travail quotidien de faire évoluer les mentalités."
Charlotte SIMON, Assistante de projet "Réseau Nature" Bruxelles, Natagora : "Il faut vraiment participer à un changement d'habitude et à un changement de concept, par rapport à "Qu'est-ce qui est beau, qu'est-ce qui est propre ? Qu'est-ce qui est esthétique en termes d'aménagements ?", en favorisant la biodiversité. On est toujours dans le débat et la discussion à essayer de dire : "Est-ce que vous laissez les herbes hautes se développer ? Est-ce nécessairement moche ? Comment cadrez-vous la gestion ? Au-delà de cela, vous allez avoir de nouvelles espèces végétales qui apparaissent et une nouvelle forme de beauté qui apparaît."
Pierre LACROIX, Centre d'écologie urbaine asbl / Centrum voor stadecologie vzw : "Il faut avoir une nouvelle vision transversale de la nature en ville, que ce soit dans l'aménagement du territoire, que ce soit dans la manière de penser la mobilité en ville. Quelque part, la biodiversité, c'est quelque chose de totalement transversal qui ne devrait pas se retrouver dans les intérêts privés ou les maigres interstices qu'on lui laisse !"
[Ecran de transition:CONCLUSIONS]
Stéphane DE GREEF, Brussels Bees Atlas Project Coordinator, Agroecology Lab (ULB) : "A l'échelle de privés comme à l'échelle de la gestion des espaces verts, il faut augmenter la capacité d'accueil pour la faune, en ayant des plantes nourricières qui vont fleurir du mois de février jusqu'au mois d'octobre, d'avoir des terrains qui permettent aux abeilles de nidifier, dans le sol ou dans des tiges creuses. Juste mettre des nichoirs, ce n'est pas suffisant ! Comprendre quelles espèces on a pour comprendre ce dont elles ont besoin."
Charlotte SIMON, Assistante de projet "Réseau Nature" Bruxelles, Natagora : "Ce qui nous aiderait dans notre travail, lors de la construction de nouveaux bâtiments ou de nouveaux aménagements, c'est qu'il y ait plus de contraintes urbanistique ou législatives, pour que les entrepreneurs en urbanisme ou les entrepreneurs de jardin soient un peu plus contraints à prendre en compte la biodiversité."
Pierre LACROIX, Centre d'écologie urbaine asbl / Centrum voor stadecologie vzw: "On est dans un état d'urgence environnemental. Si on continue à bétonner les dernières friches urbaines, on a quelque chose d'assez incohérent."
Bénédicte BOVAGNET, Institutrice, Ecole Maternelle de la Marolle : "Une fois que les enfants se trouvent à l'extérieur, ce sont d'autres enfants : ils ne s'expriment pas de la même façon ! Ici, ils ont un autre regard, ils ont envie, ils sont curieux ! Ils se mettent soudainement à parler, alors que certains ne parlaient pas. La nature leur redonne une deuxième vie. C'est vrai que de voir le plaisir que les enfants ont de jouer, faire leurs expériences, d'aller tripatouiller dans la terre, de trouver des petites bêtes qu'on rapporte, qu'on regarde ... On a des œufs de limaces en classe ... Tout ce cycle de la vie qu'on regarde est important ! On oublie trop souvent que nous faisons aussi partie de ce monde-là !"
[Générique de fin]
Plan Nature / Programme Régional de Réduction des pesticides
2016-2022 est une production de Bruxelles Environnement Coordination Département Développement Nature & Agriculture, Division Espaces verts
Réalisation : Elisa Vandekerckhove
Coordination : Springtime
© Bruxelles Environnement / Leefmilieu Brussel - Décembre 2019
L’engagement environnemental doit être commun à tous ceux pour qui la nature importe : les forestiers, les acteurs de l’eau, de l’immobilier, les chercheurs, les enseignants, les activistes associatifs, les mandataires communaux, etc. Il s’agit de nourrir le débat et faire mûrir les priorités en collaboration avec ces acteurs.
Les arbres et les parcs jouent un rôle essentiel face au changement climatique. La végétation rafraîchit la ville en cas de fortes chaleurs. Elle filtre les polluants atmosphériques. Elle favorise l’absorption des fortes pluies et évite ainsi les inondations.
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